Du 18 février au 11 mars dernier, nous avons participé au Défi Veggie de l’Association Végétarienne de France. Le challenge ? Relever le défi d’adopter un régime complètement végétalien pendant trois semaines... et le garder ? Mais avant de vous raconter cette aventure dans les moindres détails, pesons le vrai du faux sur l'alimentation végétarienne et végétalienne.
1/ "Végétarien, végétalien, végane, c'est pareil !"
Quelle est la différence entre les trois ? Etre végétarien consiste à ne plus manger de chair animale (viande et poisson). Quant au végétalien, il ne consomme ni chair animale, ni œuf, ni lait, ni autre produit issu de l’exploitation animale (miel, parfois le vin…). Le végane a un régime similaire au végétalien sauf que ce principe de non-exploitation des animaux s’applique à tous les champs de la vie quotidienne (hygiène, vêtements, loisirs…).
Aujourd’hui, environ 4% de la population française est végétarienne. Comparativement, l’Inde compte environ 35% de végétariens, le Royaume-Uni 15%, l’Allemagne 10%, l’Italie 8% ex-aequo avec le Brésil, la Chine 5%, les Etats-Unis 3% et le Portugal 1,8%*. La France accuse donc un léger retard, peut-être par non-compréhension des enjeux éthiques et écologiques liés au régime omnivore, pour des raisons culturelles - la France étant un pays agricole où la viande, le fromage, le beurre… ont une place importante dans l’alimentation et pèsent lourd dans l'économie.
2/ "J'ai toujours mangé de la viande, pourquoi j'arrêterai ?!"
Certaines études affirment que l'Homme n'aurait pas survécu s'il n'avait jamais mangé de la viande. Mais le végétarisme existe néanmoins depuis longtemps, les premières traces apparaissent chez les bouddhistes vers 500 av. JC**. C'est donc au départ une restriction alimentaire liée à la religion/une philosophie de vie et non une mode comme certains s'évertuent à le dire. Mais alors, pourquoi le végéta*isme prend-il une si grande importance dans notre société aujourd'hui ?
La souffrance animale est la principale cause moderne qui pousse à franchir le cap du végéta*isme, vous n’avez pas pu passer à côté des vidéos de l’association L214 filmées dans les abattoirs d'Alès, Limoges, Houdan... Pour ce qui est des œufs, du lait, du fromage et du véganisme en général, on vous invite à aller chercher du côté de l’élevage des poules en batterie, du mulesing, de l’insémination artificielle à répétition des vaches laitières, de l’utilisation massive des antibiotiques dans l’élevage industriel pour éviter la propagation de maladies, virus, bactéries (cf : la vache folle, c'était ça). A savoir également qu'en Europe, 1/3 des antibiotiques en circulation sont consommés par les animaux d'élevage***, que 65 milliards d'animaux sont tués chaque année**** et qu'un végéta*ien sauve en moyenne 100 vies par an** .
La deuxième raison est l’impact écologique de l’élevage intensif et industriel lié à la consommation de la viande (placée devant la pollution automobile tout de même)***** pour la simple et bonne raison qu'il faut beaucoup plus de surfaces agricoles pour produire des protéines animales que végétales***. Encore une fois, et on ne cessera de le dire sur ce blog, le film Cowspiracy, disponible sur Netflix, est très éloquent sur le sujet. Voici tout de même quelques chiffres à avoir en tête : l'alimentation végétale génère 7 fois moins de gaz à effet de serre que l'alimentation omnivore (soit 14,5%), pour produire 1kg de viande bovine il faut environ 15 500 litres d'eau, les protéines animales nécessitent 6 à 20 fois plus d'énergie fossile (pétrole, gaz, charbon) que les protéines végétales, 2/3 des terres agricoles mondiales sont consacrées à l'élevage et à la production d'aliments pour le bétail et enfin "si les pays riches et émergents divisaient par deux leur consommation de viande, la ration calorique des habitants du Tiers-Monde augmenterait et au moins 2,2 millions d'enfants échapperaient à la malnutrition chronique******." Nous avons aussi abordé ces sujets sur le blog ici et là.
A l'heure où nous écrivons cet article, le Ministère de l'Agriculture a mis en place il y a 3 ans "Plan Protéines Végétales pour la France 2014 - 2020". Ce programme vise à renforcer l'autosuffisance du pays en matière de protéines végétales (en particulier soja et légumineuses) destinées en grande majorité à l'élevage. Et cela, afin que la France reste compétitive face aux exportations de la Chine et puisse subvenir à la demande mondiale toujours plus croissante des produits carnés, la consommation mondiale de viande a quintuplé entre les années 1950 et 2000. A côté de cela, les français en consomment de moins en moins (89kg aujourd'hui contre 94kg en 1998) la plupart du temps parce qu'elle est devenue bien trop chère.
3/ "C'est dangereux de devenir végéta*ien !"
Devenir végéta*ien n’est pas dangereux pour la santé si on sait correctement palier aux carences qui pourraient survenir lorsque l’on fait ce choix alimentaire. L’Académie de Nutrition et de Diététique Américaine a d’ailleurs émis une position favorable sur la question : « l’alimentation végétarienne, bien conçue, y compris végétalienne, est saine, adéquate sur le plan nutritionnel et peut être bénéfique pour la prévention et le traitement de certaines maladies (obésité, hypertension, ostéoporose, calculs rénaux, maladies cardio-vasculaires…). Cette alimentation est appropriée à tous les âges, en particulier la grossesse, l’allaitement, la petite enfance, l’enfance, l’adolescence, le troisième âge, et pour les sportifs (Carl Lewis, Djamel Bouras, Martina Navratilova...) ». Récemment en France, l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a placé la viande (rouge notamment) comme étant cancérogène si elle est consommée en trop grande quantité (soit pas + de 70g par jour).
Néanmoins, quand on parle végéta*isme, la carence qui fait le plus parler d’elle, c’est la vitamine B12, produite par des micro-organismes présents dans le sol ou vivant en symbiose dans le tube digestif de certains animaux. Elle est présente dans la viande, le poisson, les œufs et le lait et est INDISPENSABLE au bon fonctionnement du sang, du système immunitaire et nerveux. Quand on devient végéta*ien, on n’a donc pas d’autre choix que de se supplémenter en B12.
4/ "Les végéta*iens mangent de l'herbe !"
Si un végétalien ne mange ni viande, ni œuf, ni produits laitiers alors que mange t-il ? Et bien, tout le reste, c'est-à-dire : légumes, légumineuses, céréales, fruits, oléagineux et algues. Contrairement aux idées reçues, un végétalien aura tendance à avoir une alimentation plus équilibrée voire même plus diversifiée qu'un omnivore. Saviez-vous que notre alimentation se composait auparavant de 10 000 aliments différents et n'en compte environ que 40 aujourd'hui ? C'est en partie à cause de cette routine alimentaire d'ailleurs que proviennent toutes les allergies au gluten, lactose... Fréquenter les magasins bio participe à diversifier son alimentation (sans pour autant que ça coûte plus cher).
Même si l'homme est omnivore, la viande n'est absolument pas nécessaire à son alimentation et peut se substituer par d'autres aliments protéinés comme les légumes secs, le soja, les céréales complètes, les graines, les oléagineux (amande, colza, noix...). D'ailleurs, les oléagineux ou fruits gras type banane, remplacent aussi très bien les œufs (dans les crêpes végétales ou les gâteaux par exemple). Quant au lait de vache, les boissons végétales
(appelées aussi "laits" végétaux) font aussi très bien l'affaire et
sont bien meilleures (à notre goût).
L'alimentation végétale est pauvre en graisses saturées, riche en glucides complexes et en fibres.
5/ "Les végéta*iens sont asociaux et utopistes !"
Alors oui, nous avons tous un ami végane sur Facebook, un peu trop virulent, qui poste des images insoutenables des abattoirs tout en accablant les omnivores parce qu'ils mangent des animaux morts. Et c'est bien dommage... Car accuser sans expliquer n'a jamais fait avancer les choses. Mais le Défi Veggie nous a prouvé que les véganes n'étaient pas tous comme ça et pouvaient surtout être très pédagogues, et heureusement ! Nous avons fait de chouettes rencontres que nous vous raconterons dans un prochain article.
Du côté des omnivores et surtout en France, il y a un travail d'écoute à faire - nous avons pu remarquer pendant le Défi Veggie que certains ne veulent même pas entendre parler de végéta*isme et que d'autres ne savent même pas de quoi on parle. L'extrême (dans ce cas précis) fait peur car il entraîne des changements d'habitude, de nouvelles mécaniques à acquérir qui prennent énormément de temps à se mettre en place. Dans d'autres pays, le végéta*isme est déjà bien installé, les restaurateurs se sont adaptés à ce mode de vie alimentaire - rappelez-vous des chiffres évoqués précédemment.
Chaque jeudi, nous essayons de privilégier des restaurants qui ont au moins quelques choix végétariens et que nous choisissons avec grand plaisir (vous l'avez sûrement remarqué dans nos articles). En revanche, les plats végétaliens sont encore malheureusement trop souvent réservés à des enseignes spécialisées. A la maison, nous essayons de végétaliser au maximum nos assiettes sans pour autant se priver d’œufs et de fromage (de temps en temps). Nous avons trouvé dans le végéta*isme le moyen d'apprendre à cuisiner différemment et de diversifier notre alimentation et surtout qu'elle soit toujours un plaisir et non devenue une contrainte. Nous y allons petit à petit !
Nous ne sommes pas véganes, ni totalement végétariennes. Et cet article n'a en aucun cas pour but de faire la part belle au végéta*isme. Nous cherchons simplement à comprendre pourquoi, aujourd'hui dans notre société actuelle, certains ont décidé de dire "NON". Les raisons expliquées précédemment ne sont qu'une infime partie de ce qui pourrait être dit sur le sujet mais ne sont-elles pas déjà largement suffisantes pour au moins s'y intéresser ?
"Ne doutez jamais qu’un petit groupe de personnes peut changer le monde. En fait, c’est toujours ainsi que le monde a changé."
Sources
* Fou de cuisine spécial « manger autrement » (Sept. Oct.
2016)
** AVF (Association Végétarienne
de France)
*** Blog d'Antigone XXI - "Pourquoi végane ? - pour les animaux." / "Pourquoi végane ? pour la planète."
**** Le Monde - Les Français ont de moins en moins d’appétit pour la viande
***** FAO (Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture)
****** Viande.info - L'impact de la viande sur les humains, les animaux et l'environnement
© Crédit photo et illustration : Les Jeudis Culinaires (icon : flaticon.com)
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Justine Berthelot
Petite, impossible de me faire manger quoi que ce soit. Aujourd’hui, tout ça a bien changé et je voue un véritable culte à la pâtisserie et aux desserts en général.